Un mois de vacances sans souci d’oublier quelque chose
puisque nous partons avec notre maison.
On lève l’ancre lundi 19 au matin, accompagné par la corne
de brume de Florestan d’Ohana pour nous souhaiter bon voyage, pour aller faire
le plein des réservoirs (eau et carburant) au Marin puis c’est le vrai départ
une heure après, cap au sud, sur Ste Lucie dans un premier temps. Nous y
attendrons le Thorsson qui nous rejoint le lendemain matin.
Belle navigation avec 20 nœuds* d’est et 2m de creux, on se fait bien secouer, le bateau file à bonne allure, nous sommes ravis.
Belle navigation avec 20 nœuds* d’est et 2m de creux, on se fait bien secouer, le bateau file à bonne allure, nous sommes ravis.
Mardi 20 les choses se corsent. Nous décidons de reprendre
la mer en fin de journée pour naviguer de nuit et arriver le lendemain sur
Béquia (prononcez Békoué), hélas le vent est complètement tombé, nous faisons
un faux départ au moteur puis demi-tour car personne n’a envie de passer une
nuit avec la « brise Perkins »*.
Mercredi 21, le soleil donne toute sa force contrairement au
vent qui continue de bouder nos West Indies *. Après une réunion à la VHF*
entre Thorsson et Traou Mad, nous prenons la décision de tenter la navigation
en comptant sur les thermiques et les accélérations, même faible, dans les
canaux. Nous quittons Rodney Bay sous génois haut avec un souffle d’air timide,
nous déroulons chacun nos lignes de traine et « oh ! bonne mer ! » Jmarc
et Mama accroche une très jolie prise ; ça chahute dur pendant 20 minutes,
ça gigote sur le pont et dans l’eau, aucun des protagonistes n’a envie d’abandonner,
on tire à hue et à dia puis vint le moment où l’autre capitule…cette fois
encore l’homme aura le dessus. Quelle prise ! Un Espadon voilier d’1,50m
gît dans le cockpit* du Thorsson. Il faut le découper rapidement car la chaleur
ne laisse aucun répit à la viande morte. Nous mangerons des darnes fraîches d’Espadon pendant 4
jours puis les conserves de Mama pendant 10 jours… un régime à conseiller.
La navigation continue tranquillement ; nous passons
sous le vent des îles, ce qui nous oblige à naviguer au moteur pendant
plusieurs heures avant de reprendre le vent dans les canaux. Le décor est
grandiose, ces îles hautes nous offrent leur plus bel écrin de verdure et de
pitons. Le jour s’achève et nous nous préparons pour notre première nuit de nav
à bord du bateau. La lune est à moitié pleine et nous pouvons deviner le relief
des prochaines îles et la silhouette du Thorsson qui navigue de conserve* avec
Traou Mad.
Le bateau file droit sous pilote, Sandrine dort dans le
carré, je m’allume une pipe et veille sur le pont ; l’air est doux, nous pourrions
continuer ainsi des jours durant !
Il faut ouvrir l’œil sur les quelques Porte-Containers qui
croisent devant nous et repérer si nous faisons route de collision. Ces
monstres flottants avancent environ 5 fois plus vite que nous et tracent une
ligne qui ne souffre aucune déviation ; à nous, minuscule voileux, de
prendre les bonnes décisions si nous ne voulons finir empaler sur l’étrave du
cargo.
Il est 1h du matin lorsque nous entrons dans Admiralty Bay à
Béquia. Nous avançons doucement et posons la pioche* bien en arrière des autres
voiliers. C’est le début des Grenadines et d’une nouvelle expérience mais pour
l’heure, seule la couchette à de l’intérêt à nos yeux.
Au soleil du lendemain nous découvrons une charmante baie
encombrée de tout ce qui fait la vie portuaire d’une île et bordée de maisons
en bois à colonnes, typique des Antilles anglaises.
L’eau est cristalline, nous sommes mouillés dans les 7m et
nous voyons parfaitement le fond depuis le pont du bateau. Palmes, masque et
tuba, avant le petit déjeuner l’envie est trop forte d’aller saluer nos
colocataires du dessous.
Les formalités ne se font pas attendre et nous partons tous les quatre rejoindre la douane et le service d’immigration. Moyennant 70 EC$*, nous voilà autorisés à naviguer et accoster dans les Grenadines de St Vincent (il faudra recommencer la même chose pour les Grenadines de Grenade).
Les formalités ne se font pas attendre et nous partons tous les quatre rejoindre la douane et le service d’immigration. Moyennant 70 EC$*, nous voilà autorisés à naviguer et accoster dans les Grenadines de St Vincent (il faudra recommencer la même chose pour les Grenadines de Grenade).
La petite bourgade de Béquia est largement tournée vers le tourisme et les résidents secondaires qui peuplent en majorité l’île. Quelques locaux nous proposent leurs services : qui pour une excursion en taxi, qui pour un restaurant, un autre pour emmener nos poubelles au local prévu à cet effet…tout est bon pour prendre quelques EC$. A propos des poubelles, il ne faut pas tomber dans le piège car après leur avoir remis le sac et quelques pièces de pourboire, ils s’empressent de tout jeter à l’eau dès que vous avez le dos tourné !
Béquia offre tous les services d’une petite ville :
banque, assurance, poste, supermarket, internet, etc… la hall au marché propose
toutes sortes de fruits et légumes importés à des prix dignes de chez Fauchon.
Etonnant de constater que rien n’est cultivé sur place. Il en va de même pour
les produits que l’on trouve au Supermarket : 7 euros le pot de miel de
250g, 6 euros le petit pot de Nutella, 3 euros la bouteille d’eau… Nous avions
fait l’avitaillement complet avant notre départ !
Nous sommes restés deux jours dans la baie avec comme
activité principale l’observation des fonds coralliens. L’eau y est tellement
claire que nous plongeons dans un aquarium géant. Un bon plan à recommander aux
voileux de passage : très belle plongée à l’aplomb de la balise Cardinal
Est à l’entrée de la baie (attention au ressac des gros navires de
passage) ; entre 3 et 12 m de profondeur un large choix de coraux, de
gorgones, d’éponges, de petits tombants et de toutes les espèces de la faune
des Antilles.
De gauche à droite : Bourse Graffitis, Serpentine Dorée, Papillons Pyjama et Chirurgien, Bourse Cabrit
De gauche à droite : Bourse Graffitis, Serpentine Dorée, Papillons Pyjama et Chirurgien, Bourse Cabrit
...à suivre...
Glossaire
- Noeud : unité de mesure en navigation. Equivaud à 1 mille à l'heure soit 1,85 km à l'heure
- "brise Perkins" : métaphore pour exprimer la navigation au moteur. En rapport avec la marque de moteur du même nom.
- West Indies : les Indes de l'Ouest à l'époque de C. Colomb. Les Antilles.
- VHF : Very Hight Frequency. Moyen de communication radio.
- Cockpit : zone extérieur du bateau où se trouve la barre, les manoeuvres, les coffres, la table.
- "naviguer de conserve" : et non de "concert". Expression qui signifie naviguer en compagnie. Vient du terme ancien "conserve", désignant un bâtiment convoyeur ou chargé d'escorter.
- Pioche : terme singulier pour parler de l'ancre
- EC$ : Eastern Carribean Dollars. Monnaie des îles allant de Ste Lucia à Grenade. 1 euros = 3,41 EC$
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