Annexe, Dinghy, Youyou,...

...autant de noms pour désigner cette petite embarcation indispensable aux navigateurs pour faire la liaison entre le rivage et son bateau.
Le pneumatique à aujourd'hui remplacé l'ancienne barque en bois et rempli sa fonction relativement bien.
Le problème aux Antilles est que les PVC, utilisés pour la confection des "Zodiac", vieillissent mal aux UV. Résultat : des engins qui se dégonflent en permanence et les coutures qui se décollent.
Après une longue réflexion et différentes propositions, le choix d'un modèle "en dur" fût arrété. J'ai dessiné les plans et réalisé une maquette au 10ème.
Voici les caractéristiques techniques de notre annexe : Longueur 2,45m x largeur 1,42m. Hauteur aux listons 52 cm. CP marine de 6mm et CP CTBX (extérieur) de 8mm. Impression de résine sur l'ensemble des panneaux. Assemblage par vis inox et joints congés en Résine Epoxy. Roving de 240g/m2 et Bi-axial de 400g/m2. Apprêt PE Epoxy gris. Peinture polyuréthane Bi-composant blanche et noire. Accastillage inox et bande de déco vinyl.
Tableau arrière triple épaisseur avec plaque et contre-plaque moteur en inox. Baille à mouillage et caillebotis.

Je tiens à remercier ici Eric, le propriétaire de Rep'Annexe, qui m'a proposé une partie de son local pour que je puisse travailler. Exceptionnel de trouver une place à l'abri, propre et fonctionnelle, en Martinique !

Photos de la construction, cliquez ici

Il reste quelques améliorations à apporter (nom du bateau, listons parechocs, nouveau moteur)...

A bientôt pour une nouvelle histoire.

Dans la forêt

Les Pitons du Carbet
La Martinique offre plusieurs terrains "d'aventures" dont la forêt tropicale. Une intrusion dans cette mer de verdure vous marque profondement. 
La formation végétale est généralement haute et dense. On estime que l'ensemble des forêts tropicales de la planète recèlent au moins 75.2 % des espèces vivantes, animales et végétales.
Elles représentent ainsi un enjeu majeur dans la protection de la biodiversité. Seules les forêts tropicales sont fortement bénéfiques au ralentissement du réchauffement global car non seulement elles absorbent le gaz carbonique mais elles favorisent également les nuages qui aident à refroidir la planète.
C'est lors d'une randonnée avec Philippe, Geneviève et Kevin (l'ami-ricain) que nous avons pu contempler cette nature intense.

Photos de la randonnée, cliquez ici

Couleurs Grenadines - Partie III

Reprenons la route !
La houle a diminué, le vent est tombé, nous pouvons partir pour le Worlds End Reef (le récif de la fin du monde) dans les Tobago Cays. Belle navigation dans un temps de demoiselle, nous arrivons avec le soleil dans le dos et louvoyons au milieu du récif pour trouver un fond de sable où poser la pioche.
Nos deux voiliers sont ancrés au milieu de l’océan !
C’est la vision que doivent avoir de loin les autres bateaux amarrés plus à l’ouest, dans la partie protégée.
Nos espoirs ne sont pas déçus ; dès la montée au mât de Traou Mad, je constate la clarté de l’eau et le détail de la barrière de corail. Le Reef affleurant la surface, il faut prendre de la hauteur pour en distinguer les contours.

 Diodons et poisson Coffre Zimbra
 Poisson Chevalier, Murène et Gorgone

Les premiers coups de palmes nous plongent dans des fonds de rêves. Nous sommes transportés par la beauté des coraux et la couleur des poissons. Notre vision porte à plus de 20 m, du bleu profond au vert turquoise, des bancs de poissons-chirurgien chahutent avec les poissons-papillon, des raies, des bancs de Carangues à nous faire saliver (interdit de chasser – zone protégée), des gros Perroquets Feu Tricolore et Royal en pagaille, un Requin, des Gorgones,…
… - « Un Requin !!! »
Les filles, Mama et Sandrine, en balade aquatique au milieu de toutes ces beautés, ont fait une rencontre inattendue :
Un banc de Carangues particulièrement nerveuses, et pour cause, a éveillé leur attention. A quelques mètres derrière ces Elagatis Bipinnulata un Requin Caraïbe s’approchait pour rencontrer nos deux joyeuses palmipèdes qui osaient entrer sur son territoire. Qui a eu le plus peur ? Toujours est-il qu’en l’espace d’un battement de nageoir, le requin partait au sud et nos deux frenchies au nord sans demander leur reste. Vives émotions parmi les deux plongeuses et déception de n’avoir rien vu pour les deux plongeurs. Le pauvre requin devait partager les mêmes palpitations.
Cette observation est rare et riche d’expérience. Les deux filles prennent conscience à présent de la chance d’une telle rencontre dans un lieu sauvage. En Guadeloupe, il existe une zone réservée où les touristes plongeurs peuvent nourrir les requins caraïbes semi-apprivoisés. Ça manque de naturel n’est-ce pas !

 © Photo : Alpha Plongée
Nota : le requin caraïbe mesure entre 1,5 et 2,7m et pèse environ 130kg. Il se nourrit de poissons de récif (il n’aime pas la chaire humaine, comme les autres requins d’ailleurs) et ressent un mouvement inhabituel dans sa zone jusqu’à 2 kms. Ce sont des Requins inoffensifs pour l’homme… à moins d’aller les provoquer avec un harpon !
C’est une espèce de requin consommée par l'homme dans la préparation de plats cuisinés. Du fait de sa surpêche, sa population est en déclin dans plusieurs zones et l'espèce est considérée par l'IUCN comme quasi-menacée. Qui devrait avoir peur de qui ????

Le lendemain, nous avons déplacé les bateaux en face de Petit-Tabac, une île inhabitée paradisiaque, toujours dans les Tobago Cays. Journée à jouer les Robinsons en récoltant les noix de coco pour nous désaltérer et confectionner notre punch du soir. 

Parmi les débris rejetés par la mer encombrant la plage, des morceaux de carcasses d’un satellite…dire qu’ils sont des milliers à graviter autour de nous !!!


Comme le mouillage n’était pas assuré devant Petit-Tabac, nous avons préféré nous ancrer dans la zone protégée des Tobagos, devant Jamesby.

C’est une zone qui dénote avec tous les autres mouillages que nous avons pratiqués jusqu’à présent. Pas moins de 30 bateaux autour de nous, des catamarans de charter et une flopée de touristes qui débarque des îles voisines… nos semblables ne nous manquaient pas vraiment !


Malgré l’affluence, les eaux sont bien pourvues en tortues et il est facile de nager au milieu d’elles en les approchant de près. Nous avons passé 3 heures à nager avec ces belles dames en tombant parfois nez à nez (dans le meilleur des cas !) avec une « baleine Américaine » !!!

Sur l’îlot Baradal, nous avons croisé des Iguanes qui se chauffaient au soleil et nous avons constaté des traces de la bêtise humaine : il est tendance de graver sur les feuilles d’Agave votre nom et celui de votre bateau, à l’instar des inscriptions présentes dans certains ports ; les plantes sont martyrisées et dessèchent. Le plus navrant est de voir que les prénoms gravés appartiennent à la jeune génération de voileux européenne et américaine …
prise de conscience vous disiez ???

 Iguane et Lambi
Quittons les Tobagos et faisons escale à Canouan : l’île est tranquille, les touristes ne s’y attardent pas et la houle d’ouest ne rend pas le mouillage principal confortable. Jean Marc et Mama devaient effectuer leurs formalités de sortie avant de remonter ; Décision est prise de quitter les lieux sans les papiers en règle. Nous nous posons à la sortie de la baie, Anse Rameau, où la houle ne pénètre pas. Les Thorsson nous rejoignent en faisant des ronds dans l’eau le temps de se dire au revoir. C’est ici que nos routes se séparent. Nous apprendrons que leur remontée en Martinique prendra 24 heures, qu’ils pêcheront une grosse bonite, que l’éolienne* est tombée sur le pont sans faire de blessé et que les coulisseaux de GV* sont restés bloqués ! ainsi va la vie à la voile !!
Nous ressentons de la tristesse et de la nostalgie après le départ des amis ; pour ne pas trop y penser, nous décidons de nous occuper : Sandrine découpe la coque d’une coco et moi je pars chasser le long des tombants tout proche. Maigre recette : 2 petites langoustes que nous mangerons à l’apéro, juste pour nous mettre en appétit.

Nos vacances continuent mais nous commençons à remonter pour réduire la dernière grande nav, en sachant que les conditions météo vont se dégrader à nouveaux dans une semaine.
Départ de Canouan vers midi, vent de nord-Est donc quasiment de face. Nous comptons sur une bascule d’est dans l’après-midi (qui ne viendra pas) et faisons route légèrement abattue* pour gagner en vitesse. Belle navigation par 15 à 18 nds et mer agitée. Nous croisons de beaux voiliers, notamment une Yawl classique, qui remonte au vent magistralement, avec l’équipage en tenue…un régal pour les yeux.

Il est 17h, nous sommes au large sous le vent de l’île Béquia, la mer se renforce, lorsque nous apercevons devant nous une barque de pêcheur avec l’un des hommes tenant un drapeau de demande de secours et un sifflet. Nous affalons les voiles, mettons le moteur en marche et faisons route sur eux : ils sont deux dans une barque que je ne prendrais même pas pour faire le tour de Panthier*, ils ont un moteur 2 temps de 6 cv et… plus d’essence !
La nuit va tomber, la mer devient de plus en plus creuse (3m) et ils dérivent vers le large. Nous nous efforçons de ne pas rendre la situation plus périlleuse en abordant leur barque ; les vagues nous malmènent d’un bord à l’autre, nous finissons par attraper une longue amarre que nous frappons* sur le taquet arrière de Traou Mad et mettons route sur la baie Admiralty. Le voilier subit des embardées provoquées par la houle, le moteur ne nous appuie pas suffisamment sur la mer et la barque à bien du mal à rester dans l’axe. Nous avons confiance en notre bateau mais je doute que les deux pêcheurs aient les mêmes pensées. Après ¾ d’heures de mer nous entrons dans la baie et mouillons en arrière du port. Nous discutons avec eux, leur donnons du mélange pour qu’ils puissent rentrer et ils nous promettent de revenir le lendemain avec du poisson en guise de remerciement. La chose est entendue et nous sommes tous heureux du dénouement.

Nous sommes revenus à Béquia. Nous allons prendre le temps de visiter, de randonner et de surveiller la météo en vue de la remontée finale.
Les 5 jours passés ici sont très ventés et toujours très houleux. Nous en profitons pour lire, plonger et déguster des bons petits plats et des bons punch maison…quelle énergie !
De très beaux voiliers fréquentent cette baie ; nous passons de long moment à observer leurs manœuvres de port.



Les contraintes d’une vie sédentaire nous échappent de plus en plus ; pour beaucoup de gens à terre, la promiscuité à bord d'un bateau, les mouvements permanents, les aléas de la météo, les longs déplacements à la voile, paraissent être une longue suite d'embarras. De notre côté, ce serait plutôt l'entretien de la maison, la taille de la haie, la tondeuse, le manque d'horizon, les courses du samedi matin, l'ennuyeuse autoroute des vacances, le voisin pénible, etc...

Vendredi 14 décembre, 6h du matin, nous embouquons* le canal de Béquia pour faire route au nord.
Nous rentrons.
Le soleil se lève, le vent reste stable à 15 nds, toutes voiles dessus nous filons à 7 nds à 60° du vent. L'air est doux, nous sommes fiers de notre bateau, tout va bien.

Vers 9h, nous sommes sous l'île de St Vincent, complètement déventés. La matinée continue avec la "Brise Perkins" (pour ceux qui suivent) et notre moyenne de progression chute lamentablement. Il faut rester patient en attendant de reprendre le vent au nord de l'île.
Nous sommes au milieu du canal de St Vincent -St Lucie lorsque Sandrine aperçois à tribord un aileron, puis un autre et encore un autre... une colonie de dauphin s'approche du bateau. En l'espace d'un instant, une cinquantaine de dauphins vient jouer autour de nous. ça saute, ça plonge, ça virevolte et hoche de la tête, ça crie, ça nage d'un bord à l'autre et effectue des saltos avant. Il y a des adultes, des plus jeunes et même la Ti'Manmaille *. Pendant 1/2 d'heure ils nous gratifient de leurs plus beaux jeux et nous accompagnent le long de la coque. Le charme agit vite, le bateau navigue seul, nos yeux sont hypnotisés par ce ballet aquatique.


Même largement déportés au large de Ste Lucie, nous subissons le dévent et devons remettre le moteur jusqu'à 1h du matin, heure que nous choisissons pour ancrer Traou Mad à Rodney Bay et dormir quelques heures avant de repartir.
Samedi 15, dernier bord jusqu'en Martinique. Le vent est complètement tombé, nous passons la matinée au moteur et pêchons un beau Barracuda au milieu du canal.


L'ancre tombe à 12h30, retour à la "maison", fatigués et un peu nostalgiques de ce beau voyage. Retrouvailles avec les amis de mouillage, apéros animés...Traou Mad tire à nouveau sur sa chaine en attendant le prochain départ avec impatience.

... fin

Glossaire
- Eolienne : à l'instar des installations à terre, les voiliers sont équipés d'une éolienne qui recharge le parc des batteries de servitudes.
- GV : GranVoile. Voile centrale sur un sloop.
- abattue : abattre, éloigner le bateau de l'axe du vent
- Panthier : nom d'un lac de Côte-d'Or (France). Ce réservoir sert d'alimentation au Canal de Bourgogne.
- Frapper : nouer à un taquet. Lier, amarrer sur...
- Embouquer : entrer dans un détroit ou un canal
- Ti'manmaille : terme créole pour désigner les petits enfants, la marmaille.



Couleurs Grenadines - Partie II

 De Béquia, nous avons levé l’ancre pour Petit Nevis, l’îlot tout proche. Le vent et le courant contraire nous ont obligé à tirer des bords* pendant 2 heures mais le jeu en valait la peine.
Cet îlot était le lieu de découpage des baleines. Il reste encore sur l’île quelques bâtiments témoignant de cette activité.

 A terre, rien ne fait penser à une île des Antilles. Le sol est constitué de lave noire, les arbustes se mêlent aux cactus, quelques chèvres et moutons nous regardent passer d’un air méfiant, les tortues terrestres se confondent avec les rochers… nous avons la sensation d’avoir traversé l’Atlantique et d’être sur une des îles Canaries. Les fonds par contre nous ramènent à la belle réalité des Caraîbes. La plage au vent est tout simplement magnifique.

 









Toujours à l’attention des voileux, évitez d’y rester mouillé la nuit, sauf si le ciel et la mer sont très calmes : fort coup de vent qui descendent du rocher en rafales et surtout une houle croisée qui vous malmène salement sans répit. Nous avons passé une nuit blanche.

Belle navigation au départ de Petit Nevis et à destination de Mayreau. Vent de Nord-Est de 20 à 25 nœuds, nous partons grand voile seule au portant avant de lofer* légèrement à la pointe de Pigeon Island et mettre le cap sur Saline Bay avec le vent au trois quart arrière, la trinquette à poste. La mer se creuse de 3m et nous filons à 7 nds de moyenne pendant la matinée. Le temps est ensoleillé, le pilote réagit bien au départ au lof provoquer par les vagues… Jmarc et Mama nous accompagnent sans forcer, le Thorsson galope à 8 nds avec seulement la moitié de sa toile !

Nous doublons Canouan et passons entre les Catholic Rocks avant de mouiller dans Saline Bay. L’endroit nous « paraît » tranquille, nous y resterons 2 jours à nous faire malmener par la houle rentrante. Le vent ne faiblit pas et il faudra attendre la fin de semaine avant de s’aventurer dans les Tobago Cays.

 
Mayreau est une petite île de 250 habitants. Le village est à flan de morne, paisible à souhait. Pas de réserve d’eau communale, chaque maison est équipée d’un réservoir individuel qui récupère l’eau du toit. Malheureusement, il ne pleut pas souvent sur ces îles basses.
Le lendemain de notre arrivée, nous avons fait une marche du nord au sud de l’île (2kms) avec l’agréable surprise de découvrir une plage sauvage paradisiaque au vent (Windward Bay). Pose bière (la Hairoun) chez Robert, un rasta qui tient un sympathique bar où est diffusé sans relâche les meilleurs albums de Marley.

Les conditions de mouillage étant trop mouvementées nous décidons de partir et d’attendre des jours meilleurs dans l’ïle toute proche de Union. Deux heures de navigation au portant dans une mer agitée on suffit pour rejoindre Chatham Bay. Et là, Oh Bonheur ! nous découvrons un endroit encore préservé du tourisme, des promoteurs immobiliers et des yachts de luxe.
Cette baie est large et entourée de montagnes verdoyantes (Mont Tabol 305m) qui plongent dans l’eau. Des colonies de Pélicans nous regardent passer du haut de leurs rochers, quelques cabanes de bois et de tôles abritent des pêcheurs locaux et la grande plage est bordée de raisiniers. Elle existe donc cette baie paisible et presque sauvage !!

Nous avons fait la connaissance de Piagia, un rasta sculpteur qui tient un minuscule bar de plage à une seule table. Chez lui, la vie s’écoule tranquillement au rythme des voiliers de passage. Nous apprenons à jouer au domino (le « sport » local) en buvant notre bière quotidienne. Un chat roux et un chien brun rêvassent à l’ombre du Gommier, les puces de sable nous attaquent les pieds ; des voisins se mêlent à nous, une femme Sylvia et un certain Dalton, qui nous montrent comment débourrer une noix de coco, complètent cette assemblée hétéroclite. Kim, le cuisinier du groupe de pêcheur, prépare à manger pour ceux qui le souhaitent et nous voilà à partager un plat d’Opossum (Manicou) avec du Dombré. Moment de rires et d’échanges où la condition de « touristes / locaux » s’efface un peu.
Les quelques jours passés à Chatham Bay seront une vraie source d’émerveillement. Nous avons rechaussé nos baskets pour faire une belle rando sur les flancs de la montagne. La forêt ressemble à celles que nous connaissons dans nos régions tempérées hormis les Agaves et autres cactus parsemés ici et là. Nous rencontrerons à trois reprises des serpents filiformes inoffensifs (nous le saurons que plus tard !) et des Bernards-l’Ermite en quantités surprenantes.
Au cours de la balade, nous avons découvert une petite parcelle cultivée de « plantes aromatiques » que font pousser nos amis rasta. Un petit parfum de Colombie en pleine forêt.

La baie de Chatham offre un abri sûr mais nous sommes continuellement secoués par les forts coups de vent qui descendent de la montagne ; pendant quelques secondes, les rafales atteignent 35 nds, le bateau vibre et évite* rapidement sous l’effet du vent…puis le calme revient. Passé la surprise du début, nous nous accommodons de ce phénomène météo et la sérénité s’installe. Nous reviendrons !!!
Notre but local étant les Tobago Cays, il nous faut patienter encore pour avoir une météo marine favorable à nos projets.
Au matin du 13ème jour, nous levons l’ancre pour rejoindre l’île de Petit-Saint-Vincent. Une navigation de 3 heures au portant puis au près serré et un mouillage devant la plage de sable blanc. L’île est privée et nous ne sommes pas autorisés à débarquer mais nous pouvons faire le tour en annexe et profiter de la beauté de la barrière de corail. L’eau devient cristalline, les récifs sont chargés de vie… nous plongeons dans un environnement digne des plus belles cartes postales. A quelques coups de rames, l’îlot Mopion nous accueille pour faire voler le cerf-volant et passer une fin de soirée arrosée au Punch Coco maison ! 



 Au cours de ce voyage, nous avons pris le temps, entre nous quatre, de partager nos points de vue sur cette vie de nomade mais aussi sur ce qui fait ou défait le monde. Nos convictions communes étant plutôt basées sur le Développement Durable (AlterMondialisation), nous étions en accord sur les grandes lignes. Les réflexions portaient essentiellement sur l’impact personnel que nous faisons subir à la planète (environnemental et humain) et notre difficulté à prendre en compte la globalité du problème.
Ces échanges étaient particulièrement propices au plus chaud de l’après-midi ou pendant les apéros ; nous avons parlé littérature et philosophie, de politique et de la déplorable inutilité de cette classe du même nom, nous avons partagé nos livres et refait le monde, nous avons parlé de nos projets futurs.
Sur Traou Mad, ce périple nous aura convaincu du bel avantage financier (entre autre chose) de vivre et de voyager sur un voilier :
- Avant de partir, nous avons fait l’avitaillement complet (nourritures, boissons) = 320 euros
- Les pleins d’eau et carburants (moteur bateau et annexe) = 70 euros
- Taxe de sortie et d’entrée en Martinique = 10 euros
- Taxes de douane et immigration Grenadines = 20 euros
- Les bières en balade = 25 euros
- Quelques bricoles ici et là = 20 euros
Total pour un mois de vacances à deux, sans se priver, sans manquer de rien et dans un environnement paradisiaque = 465 euros
Alors oui, bien sûr, pas de resto ni de visite de musée, pas de soirées animées en centre-ville ni d’après-midi-boutiques
…mais des journées à nager parmi les coraux et les plus beaux poissons, des soirées au soleil couchant en buvant des Ti-Punch, Planteur, Punch Coco et j’en passe, à naviguer d’île en île et cuisiner des p’tits plats à partager le soir, pêcher, randonner, lire, etc…

... à suivre... 

Glossaire
- Tirer des bords : louvoyer. Remonter au vent en faisant des virements d'un bord sur l'autre.
- lofer : rapprocher l'axe du bateau du lit du vent. Contraire = abattre
- Evitement : déplacement d'un bateau autour de l'axe de son mouillage. 

Couleurs Grenadines - Partie I

Depuis des mois nous en rêvions…maintenant nous y sommes ! 
Un mois de vacances sans souci d’oublier quelque chose puisque nous partons avec notre maison.

On lève l’ancre lundi 19 au matin, accompagné par la corne de brume de Florestan d’Ohana pour nous souhaiter bon voyage, pour aller faire le plein des réservoirs (eau et carburant) au Marin puis c’est le vrai départ une heure après, cap au sud, sur Ste Lucie dans un premier temps. Nous y attendrons le Thorsson qui nous rejoint le lendemain matin.

Belle navigation avec 20 nœuds* d’est et 2m de creux, on se fait bien secouer, le bateau file à bonne allure, nous sommes ravis.

Mardi 20 les choses se corsent. Nous décidons de reprendre la mer en fin de journée pour naviguer de nuit et arriver le lendemain sur Béquia (prononcez Békoué), hélas le vent est complètement tombé, nous faisons un faux départ au moteur puis demi-tour car personne n’a envie de passer une nuit avec la « brise Perkins »*.

Mercredi 21, le soleil donne toute sa force contrairement au vent qui continue de bouder nos West Indies *. Après une réunion à la VHF* entre Thorsson et Traou Mad, nous prenons la décision de tenter la navigation en comptant sur les thermiques et les accélérations, même faible, dans les canaux. Nous quittons Rodney Bay sous génois haut avec un souffle d’air timide, nous déroulons chacun nos lignes de traine et « oh ! bonne mer ! » Jmarc et Mama accroche une très jolie prise ; ça chahute dur pendant 20 minutes, ça gigote sur le pont et dans l’eau, aucun des protagonistes n’a envie d’abandonner, on tire à hue et à dia puis vint le moment où l’autre capitule…cette fois encore l’homme aura le dessus. Quelle prise ! Un Espadon voilier d’1,50m gît dans le cockpit* du Thorsson. Il faut le découper rapidement car la chaleur ne laisse aucun répit à la viande morte. Nous mangerons des darnes fraîches d’Espadon pendant 4 jours puis les conserves de Mama pendant 10 jours… un régime à conseiller.

La navigation continue tranquillement ; nous passons sous le vent des îles, ce qui nous oblige à naviguer au moteur pendant plusieurs heures avant de reprendre le vent dans les canaux. Le décor est grandiose, ces îles hautes nous offrent leur plus bel écrin de verdure et de pitons. Le jour s’achève et nous nous préparons pour notre première nuit de nav à bord du bateau. La lune est à moitié pleine et nous pouvons deviner le relief des prochaines îles et la silhouette du Thorsson qui navigue de conserve* avec Traou Mad.


Le bateau file droit sous pilote, Sandrine dort dans le carré, je m’allume une pipe et veille sur le pont ; l’air est doux, nous pourrions continuer ainsi des jours durant !
Il faut ouvrir l’œil sur les quelques Porte-Containers qui croisent devant nous et repérer si nous faisons route de collision. Ces monstres flottants avancent environ 5 fois plus vite que nous et tracent une ligne qui ne souffre aucune déviation ; à nous, minuscule voileux, de prendre les bonnes décisions si nous ne voulons finir empaler sur l’étrave du cargo.
Il est 1h du matin lorsque nous entrons dans Admiralty Bay à Béquia. Nous avançons doucement et posons la pioche* bien en arrière des autres voiliers. C’est le début des Grenadines et d’une nouvelle expérience mais pour l’heure, seule la couchette à de l’intérêt à nos yeux.
Au soleil du lendemain nous découvrons une charmante baie encombrée de tout ce qui fait la vie portuaire d’une île et bordée de maisons en bois à colonnes, typique des Antilles anglaises.
L’eau est cristalline, nous sommes mouillés dans les 7m et nous voyons parfaitement le fond depuis le pont du bateau. Palmes, masque et tuba, avant le petit déjeuner l’envie est trop forte d’aller saluer nos colocataires du dessous.
Les formalités ne se font pas attendre et nous partons tous les quatre rejoindre la douane et le service d’immigration. Moyennant 70 EC$*, nous voilà autorisés à naviguer et accoster dans les Grenadines de St Vincent (il faudra recommencer la même chose pour les Grenadines de Grenade).


La petite bourgade de Béquia est largement tournée vers le tourisme et les résidents secondaires qui peuplent en majorité l’île. Quelques locaux nous proposent leurs services : qui pour une excursion en taxi, qui pour un restaurant, un autre pour emmener nos poubelles au local prévu à cet effet…tout est bon pour prendre quelques EC$. A propos des poubelles, il ne faut pas tomber dans le piège car après leur avoir remis le sac et quelques pièces de pourboire, ils s’empressent de tout jeter à l’eau dès que vous avez le dos tourné !
Béquia offre tous les services d’une petite ville : banque, assurance, poste, supermarket, internet, etc… la hall au marché propose toutes sortes de fruits et légumes importés à des prix dignes de chez Fauchon. Etonnant de constater que rien n’est cultivé sur place. Il en va de même pour les produits que l’on trouve au Supermarket : 7 euros le pot de miel de 250g, 6 euros le petit pot de Nutella, 3 euros la bouteille d’eau… Nous avions fait l’avitaillement complet avant notre départ !

Nous sommes restés deux jours dans la baie avec comme activité principale l’observation des fonds coralliens. L’eau y est tellement claire que nous plongeons dans un aquarium géant. Un bon plan à recommander aux voileux de passage : très belle plongée à l’aplomb de la balise Cardinal Est à l’entrée de la baie (attention au ressac des gros navires de passage) ; entre 3 et 12 m de profondeur un large choix de coraux, de gorgones, d’éponges, de petits tombants et de toutes les espèces de la faune des Antilles.

 De gauche à droite : Bourse Graffitis, Serpentine Dorée, Papillons Pyjama et Chirurgien, Bourse Cabrit

...à suivre... 

Glossaire
- Noeud : unité de mesure en navigation. Equivaud à 1 mille à l'heure soit 1,85 km à l'heure
- "brise Perkins" : métaphore pour exprimer la navigation au moteur. En rapport avec la marque de moteur du même nom.
- West Indies : les Indes de l'Ouest à l'époque de C. Colomb. Les Antilles. 
- VHF : Very Hight Frequency. Moyen de communication radio.
- Cockpit : zone extérieur du bateau où se trouve la barre, les manoeuvres, les coffres, la table.
- "naviguer de conserve" : et non de "concert". Expression qui signifie naviguer en compagnie. Vient du terme ancien "conserve", désignant un bâtiment convoyeur ou chargé d'escorter.
- Pioche : terme singulier pour parler de l'ancre
- EC$ : Eastern Carribean Dollars. Monnaie des îles allant de Ste Lucia à Grenade. 1 euros = 3,41 EC$ 

Cet automne

Après une longue période sans mise à jour, je vais condenser les derniers mois en quelques phrases et quelques photos :

Il y eu l’aménagement de la cabine avant. Nous avons profité du confort du ponton pour découper, ajuster et peindre les éléments en bois. Il nous reste à faire découper les mousses et coudre les tissus.
































En octobre j’ai franchi les Quarantièmes (pas rugissant mais blanchissant) sans gros temps.
 










Le soir du jour dit, les amis Joelle et Péyo nous ont fait la joie de trinquer avec nous…
bonne soirée bien arrosée.










Et pour finir nous avons réintégré notre mouillage favori de Ste Anne. Retrouvailles avec les anciens bateaux du printemps et connaissances avec de nouveaux arrivants. Préparation des vacances, conseils nav des uns, bons plans mouillages des autres… à nous de faire le tri et de nous faire notre propre expérience.
Quelques sorties à la voile pour reprendre le bateau en main, peaufiner des réglages et voir les embruns jaillir sur le pont.
Retrouvailles également avec Mama et JeanMarc, les amis Pangeois qui naviguent sur le Thorsson : longues soirées à refaire le monde, à parler de leur 3 mois passés à Tobago et organisation de soirées bien arrosées sur le cata des Casa Txiki.